vendredi 20 novembre 2009

La vie d'expat' ou quand l'anodin devient extraordinaire

Encore des preuves que lorsqu'on est à l'étranger, de petits détails nous sautent aux yeux.

Tout a commencé ce matin, 8h (inhabituellement tôt pour moi car j'allais à mon premier cours de japonais de Todai), je croise sur le chemin menant à la gare une colonne de 50 écoliers (à peu près, je les ai pas compté). L'institutrice en tête de file me gratifie d'un poli Ohayoo gozaimasu (ce que l'on peut traduire par Bonjour, mais utilisé seulement le matin). Salutation que je lui ai rendu à mon tour. Mais c'était sans compter sur les 50 élèves qui suivaient et qui m'ont à leur tour saluer... De quoi me mettre d'excellente humeur dès le petit matin et de me dire que sortir de chez moi à cette heure vallait le coup rien que pour ça (me réjouis de les revoir mercredi prochain, je sens que ça va être drôle).

500 mètres plus loin, je croise une jeune femme bien sous tout rapport, petite jupe mi-genoux, joli chemisier blanc et petite veste de mi-saison qui tenait un sac (type sac de magasin chic) noir sur lequel était marqué en blanc sur toute la longueur Lautréamont (pour ceux qui ne le savent pas, c'est un poète du XIXème siècle, auteur de 3 textes plutôt sombre et surréaliste, emprunt d'une grande révolte et dégoût, mais dont l'incidence sur la littérature est certaine, d'ailleurs, je conseille vivement la lecture des chants de Maldoror...). Personnellement je ne suis pas sûr que cette jeune femme savait qu'elle arborait par son sac l'étendard du surréalisme littéraire francophone, mais en tout cas, elle m'a bien fait rire.

Une fois monté dans le métro, je me suis retrouvé à côté de ce qui est le plus proche d'un bad boy japonais (et franchement, il m'a pas fait très peur, mais bon, peut-être qu'il maîtrise fortement des arts martiaux, on sait jamais). Bon, à vrai dire, c'est la première fois que j'en vois un. je suis pas sûr que ce soit un bad boy, mais c'est ce qui s'en rapproche le plus au Japon (pas encore vu de méchants yakusa d'ailleurs).Comment on les reconnaît? Cheveux de 4-5 cm à la verticale sur le crane, petite moustache pas très fournie et musique trop forte dans les oreilles (ce qui est fortement malpoli au Japon, car c'est un non-respect d'autrui, ce qui est très mal vu). Mais le plus drôle, c'est qu'il devait mesurer environ 1m60 et pour paraître plus impressionnant (ou peut-être plus séduisant), il s'est mis sur la pointe des pieds pour tout le trajet de métro tout en regardant quelque fois une frêle demoiselle assise sur un siège.

Et durant le cours de japonais (où je vais d'ailleurs changer de niveau, celui-là étant trop facile), j'ai appris un nouveau mot qui montre le gouffre culturel entre le Japon et la Suisse (me prononcerait pas sur les autres pays asiatiques ou européens, car je sais pas trop...). Il s'agit de omiaisuru qui correspondrait si on le traduisait au verbe rencontrer un partenaire de marriage arrangé. Après discussion avec notre professeure (Matsui-sensei), il semblerait que cela ait toujours lieu mais aie changé de forme. En effet, à l'époque, on s'habillait chic (femme en Kimono(qui sont d'ailleurs magnifiques) et homme en costume et on allait à 2 dans un restaurant chic pour discuter et voir si le choix des parents est bon). Maintenant, il y a des omiai-party, des fêtes où des gens célibataires se rencontrent, ce qui est aussi le cas sous nos latitudes (ou plutôt entre nos longitudes). N'en reste pas moins qu'apprendre un mot tel que celui-ci dans un cours de langue à un niveau relativement moyen voir bas montre quand même l'importance culturel de telles rencontres arrangées.

Bon, je vous remettrai des nouvelles au plus tard mardi (car lundi c'est férié, fête du travail oblige) et normalement, je vais sortir un peu de Tokyo pour voir un peu le Japon naturel au lieu de voir le Japon urbain...


4 commentaires:

  1. Ce que je préfère le plus c'est le bonjour collectif de toute la classe que t'as croisée!
    Je pense que ça va bien te motiver à aller à ton cours de japonais matinal si tu les croises chaque fois!

    Tu t'en sors bien avec toutes ces baffes culturelles que tu t'es prises xD (et celles à venir)

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  2. T'aurais du demander au bad boy de mettre sa musique moins forte, pour voir s'ils réagissent comme ici. ça aurait été drole.

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  3. C'est clair Ston, hyper cool comme réveil et Jean, ben je maitrise pas encore assez bien la langue de Murakami pour ça, mas j'espère que ça va venir

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  4. Je me rends compte que ce n'est pas qu'en lisant des mangas qu'on se rend compte du gouffre culturel western Europe - Japon!

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